Stockage d’ammonitrate : Yara fustige le projet de décret
Yara France dénonce les « conséquences dramatiques » qu’aurait l’adoption du projet de réglementation relatif à la baisse du seuil de stockage des ammonitrates haut dosage. Son président, Nicolas Broutin, sort la calculette.
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Alors que la consultation publique concernant la révision du seuil de stockage des ammonitrates haut dosage à 150 t se termine ce mardi 15 février, Yara France appelle le gouvernement à revoir son projet : « L’adoption d’une telle mesure serait un désastre pour les sites de production français avec des conséquences économiques, environnementales et sociales catastrophiques », s’indigne la filiale française de l’industriel norvégien.
« Incompréhensible »
Le fabricant évoque pêle-mêle « une réduction de la quantité et la qualité des productions agricoles », « une disruption complète de la chaîne d’approvisionnement » et l’« augmentation de la dépendance des agriculteurs français vis-à-vis des importations, ainsi que celle des émissions de carbone liées aux activités de fertilisation ».
« Ce projet de réglementation est d’autant plus incompréhensible qu’il est en totale contradiction avec les objectifs de décarbonation annoncés par le gouvernement dans le cadre du plan d’investissement France 2030 », interpelle le président de Yara France, Nicolas Broutin, qui rappelle que la forme nitrique est la moins émissive. Sans compter que le projet contient un autre « effet délétère » : l’inclusion des ammonitrates moyen dosage soufrés par ricochet.
Des ventes menacées à hauteur de 300 000 t
« Je note deux risques majeurs, ajoute-t-il. Une dissémination des points de distribution, qui est un non-sens en termes de sécurité ; et la substitution de forme, en particulier un basculement vers des solutions à base d’urée, qui est un non-sens en termes de bilan carbone. »
En effet, selon Yara France, cet abaissement du seuil à 150 tonnes pour les big bags déclencherait une vague de transferts de l’ammonitrate vers des engrais plus émissifs provenant pour 50 % de l’UE et pour 50 % hors UE. « Nous avons examiné tous nos points de livraison compris entre 150 t et 500 t, et l’impact pour Yara serait une baisse de vente de 300 000 t, estime-t-il, soit 40 % de nos productions françaises d’ammonitrate, ou encore l’équivalent de la production d’ammonitrate de notre usine de Montoir-de-Bretagne. »
Un enjeu de 400 000 t de CO2
Dans une autre simulation, Yara France a calculé que « si on devait remplacer le nitrate fabriqué à Montoir par de l’importation sous forme uréique, cela engendrerait 400 000 t de CO2 supplémentaire, rapporte Nicolas Broutin. Dans l’état actuel du process. Car demain, on pourra fabriquer de l’ammoniac décarboné, et à l’horizon 2030, on aura décarboné 30 % de notre process de fabrication d’ammoniac. En tenant compte de cette trajectoire, le bilan carbone de cette décision est encore plus désastreux. »
Renaud FourreauxPour accéder à l'ensembles nos offres :